BV : Vous rappelez vous de votre plus belle vente ? Pas forcément monétaire mais celle qui vous a le plus marquée ?
J-D : Alors là c’est Nadia qui va te répondre !
Nadia : Oh oui ! C’était une chope austro-hongroise du XVII eme siècle. Très travaillée avec des personnages qui l’ornaient et tout en vermeille à l’intérieur, elle était incroyable ! J’étais jeune et c’est papa qui l’a vendue mais je m’en souviens tellement ! Elle a été vendue après chez Christie’s ! Ah non, encore mieux, une paire de pistolets que l’on a vendue à Johnny Hallyday ! A cette époque c’était papa qui travaillait, il achetait des meubles (lui sa passion c’est acheter…) et quand il allait chez ses clients, il y passait du temps !
On a toujours privilégié les rapports avec nos clients et fournisseurs, qu’ils soient inconnus ou sur le devant de la scène, comme M. Charles Aznavour et ce n’était pas rare que les affaires, même avec ceux les plus connus, se terminent par un bon dîner ! D’ailleurs un de nos plus fidèle clients disait toujours : « je pourrais vous inviter au restaurant mais votre femme fait tellement bien la cuisine ! » et la soirée se transformait en contes, il nous racontait des anecdotes, toujours plus folles et nous avec mon petit frère on adorait l’écouter, je crois qu’elles font partie de nos plus beaux souvenirs. C’était l’école de la vie ! D’ailleurs je m’ennuyais beaucoup à l’école, surtout le lundi après les weekends que l’on passait, pas besoin de télévision chez nous !
C’est ce qui nous donne une autre dimension. La relation entre l’antiquaire et ses clients lui donne une affinité particulière. A l’époque il y avait moins de certificats et plus de confiance. Bien sûr qu’il y avait des arnaques, mais cette relation n’existe plus aujourd’hui ou du moins elle s’est altérée au profit de la rentabilité et de cette « efficacité » et dans efficacité j’entends « rapidité » dans les affaires.